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Plan de reconstruction / Toutes les voix n’ont pas été entendues

 
 

Le 31 mars prochain le gouvernement haïtien soumettra son plan de reconstruction à l’appréciation des bailleurs de fonds internationaux. Ce plan reflète-t-il la vision de toutes les forces vives du pays. 
 
Alors que l’on s’approche de la phase finale de l’élaboration du document de la reconstruction d’Haïti, toutes les forces vives de la population haïtienne n’ont pas encore été touchées par les discussions autour de ce dossier. Certains secteurs clés de la vie nationale, notamment l’université, les organisations syndicales, la classe politique, l’église et autres, ont tout simplement été, jusque-là, ignorés dans le débat. 
 
C’est donc là la préoccupation de différentes organisations sociales haïtiennes. Elles se montrent très acides vis-à-vis du Pouvoir en place et dénoncent la méthodologie utilisée dans l’élaboration du plan de reconstruction d’Haïti. 
 
Selon ces organisations, le processus s’est caractérisé par une exclusion des acteurs sociaux. « Il est regrettable que ce document produit par un groupe de 300 fonctionnaires internationaux et nationaux soit présenté en premier lieu aux bailleurs sans qu’un large processus de consultation des acteurs sociaux haïtiens n’ait été conduit au préalable », dénoncent ces dernières dans un texte à travers lequel elles fixent leur position sur le processus.  
 
« Cette attitude du gouvernement en ce moment particulier de l’histoire haïtienne résulte d’un manque de culture démocratique dans le pays », commente Jean Claude Lebrun, coordonnateur national du mouvement des organisations indépendantes intégrées aux syndicats engagés (Moise). « Nous avons nos propres mots à placer dans ces discussions, mais le gouvernement ne l’a pas entendu ainsi. Il a tout simplement choisi de nous ignorer », se plaint le syndicaliste qui rappelle que la véritable reconstruction d’Haïti ne peut se faire sans l’apport des travailleurs. 
 
Tout comme d’autres organisations, Moise dénonce la teneur du plan d’action pour le relèvement et le développement national que compte soumettre le gouvernement aux bailleurs de fonds internationaux. Ceci, regrette Jean Claude Lebrun, sans aucune concertation préalable avec les secteurs vitaux de la population, comme les mouvements sociaux, les paysans et les femmes. 
 
Écartés, les représentants de différents secteurs clés de la vie nationale trouvent malgré tout un espace pour exposer leur point de vue sur ce dossier déterminant pour l’avenir d’Haïti. À l’initiative du député Steven Benoît, ils se sont réunis durant une semaine à l’hôtel Ritz Kinam II à Pétion-Ville pour produire , à l’approche de la conférence des bailleurs le 31 mars à New York, un document sur la reconstruction du pays . Cette initiative baptisée « Chita tande nasyonal » visait la production d’un document de synthèse en tenant compte de l’opinion des différentes composantes de la société haïtienne sur la reconstruction du pays, notamment celles-là qui n’ont pas été contactées par le gouvernement. 
 
Si d’autres organisations de la société civile n’ont pas été consultées, il n’en est pas de même pour le secteur privé des affaires, la diaspora et une frange de la société civile organisée. Leurs idées ont été prises en compte dans l’élaboration du document qui doit être soumis à discussion à cette réunion décisive pour Haïti, le 31 mars en cours. Il faut, par ailleurs, souligner que le secteur privé particulièrement a pris ses propres initiatives afin de dégager sa propre vision de la reconstruction d’Haïti.  
 
Au moins deux grandes rencontres ont été tenues en ce sens, d’abord au Club Indigo, puis au Karibe Convention Center. Comme l’avait souligné le président de la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti (CCIH), Réginald Boulos, à la rencontre de Santo Domingo, c’est la première fois dans l’histoire haïtienne qu’« un secteur privé des affaires, uni, inclusif et modernisant, a décidé de rompre avec le passé et de formuler une vision et une feuille de route pour un développement durable du pays ». Le secteur syndical haïtien, quant à lui, tiendra du 7 au 10 avril prochain sa propre réunion autour de la question, de concert avec le mouvement syndical mondial.  
 
À chaque secteur sa réunion, certes, mais il reste qu’ils plaident tous en faveur d’une approche de la reconstruction qui doive tenir compte des besoins vitaux de la population haïtienne. Un plan élaboré par les Haïtiens et pour les Haïtiens s’accordent-ils à répéter sans cesse. Mais la démarche du gouvernement qualifiée de non inclusive laisse augurer quelque chose tout autre avec la forte implication de l’international dans le débat, avancent certaines analyses. 
 
Qu’il s’agisse des secteurs consultés dans le cadre des discussions ou de ceux-là qui ont été « ignorés », l’enjeu reste le même : faire naître une nouvelle Haïti. La conférence des bailleurs à New York mercredi prochain doit marquer le premier pas vers cette Haïti où il doit y avoir rupture avec l’exclusion, la dépendance économique, la centralisation excessive du pouvoir et des services publics, comme le souhaite une vingtaine d’organisations de la société civile dont la Papda, le Garr et la Sofa.  
 
Par Patrick Réma 
Lematin
 
 
 
 

  
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Modifié en dernier lieu le 2.04.2010
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